Martyrs

Titre : Martyrs
Auteur : Olivier Peru
Editeur : J'ai Lu

Irmine et Helbrand, deux frères assassins descendant d'un ancien peuple guerrier, vivent dans les ombres de la plus grande cité du royaume de Palerkan. Alors qu'ils se croient à l'abri des persécutions dont ont souffert leurs ancêtres, leur passé sanglant les rattrape, sous les traits d'un borgne qui semble nourrir pour eux de sombres projets. Et tandis que la guerre menace d'embraser le monde, que les puissants tissent de noires alliances, ils vont devoir choisir un camp. Leur martyre ne fait que commencer...

Voici le dernier roman d'Olivier Peru que j'ai découvert avec la série jeunesse les Hauts Conteurs et avec son One shot Druide. Martyrs nous entraîne dans un univers fantastique très bien dépeint où nous suivons l'évolution de plusieurs personnages. Tous nous entraîne à la découverte du royaume du Palerkan qui se trouve au bord d'un profond bouleversement. La révolte, portée par les hommes de l'Ouest, approche, la paix n'est plus qu'une illusion et tous vont être emportés par des événements qui les dépassent.

J'ai eu un gros faible pour les deux frères assassins qui sont les deux véritables héros de cette histoire. Kassis et sa situation au château des ronces m'a beaucoup touché également. Le roi, gros, gras, à l'intelligence hors norme, ne laisse pas indifférent non plus. 

Peru nous livre ici un fabuleux roman de fantasy épique, certes un peu long à démarrer mais d'une densité incroyable. Comme dans Druide, il joue avec ses lecteurs, les manipule sans vergogne et les promène au fil des pages dans un monde d'une richesse incroyable. Tout est fait pour nous accrocher, des personnages principaux attachants, vivants, au dénouement imprévisible en passant par des intrigues rondement  menées. Tout est dépeint avec une abondance de détails. C'est parfois gore, sanglant, toujours précis. Les retournements de situation sont nombreux, le rythme est soutenu, les mystères abondants et le lecteur va de surprise en surprise jusqu’au bouquet final. Beaucoup de personnages ont droit à leur chapitre ce qui intensifie les intrigues mais le talent de l'auteur fait que nous ne sommes jamais perdus. Un travail d'écriture soigné où tout est bien pensé et efficace.

Je suis restée bluffée par le dénouement que je n'ai pas vu venir et je vous promet que le tome deux est d'ors et déjà dans ma pal, car oui, Martyrs est bien une saga. Le dernier tome paraîtra au printemps et nul doute qu'il rejoindra mes lectures dès sa parution, Peru étant en train de renter dans mon Top Ten d'auteurs de fantasy !

Le roman est émaillé de cartes d'un jeu de tarot toute plus magnifiques les unes que les autres distribués par ce borgne arseker, fort intrigant. En voici quelques unes...
Cette lecture fut donc un gros coup de coeur et je ne peux que vous conseiller de vous lancer dans cet ouvrage époustouflant !




Quelques extraits :

• Il chercha alors à voir le visage du traître et quand il l’entraperçut, il grimaça de douleur autant que de dégoût, une dernière interrogation à moitié formulée dans sa tête. Pourquoi ? Pourquoi le tuer ? Pourquoi trahir le roi, le Reycorax ? Pour le pouvoir sans doute… pour en détenir toujours plus. Ce foutu pouvoir rendait les hommes immoraux et dépendants, faisait d’eux des esclaves, transformait les seigneurs en putes.

• Il prit alors conscience que c'était cela, aimer. Connaître le bonheur et son prix, savoir ce que l'on perd et regretter de n'avoir pu le garder. Il comprenait maintenant certaines rimes dévastées de chagrin du vieux Huerin. L'ivrogne avait lui aussi aimé et perdu une femme. Il l'avait aimée de tout son être et chacun de ses poèmes, du plus profond au plus malicieux, était encore habité par elle. Le plus terrible avec l'amour, c'était qu'on en mourait pas. On en souffrait à jamais.

• - Est-ce ta façon de me dire que tu as des choses à me révéler? demanda Hellbrand sans plus jouer leur aimable comédie.
  - Ne suis-je pas un nain payable causeur?
  - J'en suis certain, et si tu ne veux pas que je fasse de toi un nain potant, parle sans détour.
  - Oh, messire a de la repartie! C'est avec toi qu'il faut qu'on joue au Batalion. Nos parties seraient nain vraisemblables!